La séparation de corps
suivi de
Régle de trois
Michel Luneau




Corps et âme, deux amis d’enfance, presque deux frères qui se seraient perdus de vue et dont les chemins ont beaucoup divergé ? Pas tout à fait. Disons d’emblée, sans vouloir vexer quiconque, que s’ils sont au service de la même personne, ils ne font pas partie du même monde. C’est un curieux duo qui se forme à la naissance. D’un côté un corps on ne peut plus matériel, qui met le nez dehors, flanqué parfois, pour quelques semaines, d’une drôle de tête en pain de sucre sur fond de jaunisse. Début de la vie dans l’indisposition, les cris, la colère, la rage, poings serrés, en dépit de tout l’amour admiratif et du regard émerveillé de la mère contemplant son œuvre. De l’autre côté l’âme. Plus immatérielle qu’elle, si j’ose dire, tu meurs. Personne ne l’a vue, ne la voit, ne la verra jamais. On ne la sent pas plus que l’atmosphère quand il n’y a pas une haleine de vent. À se demander si elle existe vraiment, alors que certains la présentent comme chevillée au corps. (Nous y reviendrons.)

Michel Luneau est l’auteur de nombreux ouvrages (romans, recueils de poèmes) publiés, entre autres, chez Grasset, Bourin, Julliard, Flammarion, Verticales et aux éditions joca seria. Il dirige Le centre d’art contemporain de la Rairie.

L’image de couverture est de
Tony Soulié.